N’est pas « Gipsy Kings » qui veut !

Par ces temps de restrictions culturelles et d’interdictions de rassemblements festifs, les Gipsy Kings évoquent pour les habitués des bodégas une ambiance colorée de « Bamboléo » « Volaré » et autres « Jobi joba ». Ces habitués ne se doutent certainement pas du périple judiciaire dans lequel se trouve le Groupe depuis les années 90… Retour sur la dernière décision récente rendue par la Cour d’appel de Paris.

Constitué par cinq frères, trois cousins et un beau-frère le groupe les « Gipsy Kings » est une histoire de famille.

En 1992, l’un des membres décide toutefois de quitter le groupe pour en créer un nouveau qu’il intitule « Chico & the Gypsies ».

Commence alors une bataille judiciaire sur l’utilisation de la dénomination « Gipsy Kings » au sein de laquelle la Cour d’appel d’Aix en Provence va juger en 1995, confortée par la Cour de cassation en 2000[1], que l’appellation « Gipsy Kings » est une dénomination collective du groupe, indissociable de son existence et de son expression artistique originale. La Cour précise qu’elle appartient ainsi indivisément à ses membres sans pouvoir faire l’objet d’une appropriation au titre de la propriété intellectuelle et qu’à défaut d’accord entre les coindivisaires sur son utilisation, les membres demeurant dans le groupe d’origine qui assurent la permanence du projet artistique ont conservé le droit de l’utiliser, y compris avec de nouveaux membres. La Cour juge toutefois que le membre à l’origine du nouveau groupe, avait, du fait de son éviction légitime, perdu le droit d’user de cette appellation, si ce n’est pour se prévaloir de sa qualité d’ancien membre du groupe.

Par la suite, en 2017, deux membres inactifs du groupe s’associent avec le membre qui l’avait quitté en 1992 pour constituer le nouveau groupe : « Gipsy Kings & Chico ».

Les deux derniers membres actifs et fondateurs du groupe continuant d’utiliser la dénomination « Gipsy Kings » décident alors de les assigner notamment pour leur interdire cette utilisation et pour des faits de concurrence déloyale.

Dans sa décision en date du 19 janvier 2021[2], la Cour d’appel de Paris va confirmer partiellement le jugement rendu par Tribunal de grande instance de Paris en se fondant sur la décision de la Cour de cassation susvisée. Si les juges déclarent irrecevable la demande des requérants de se voir attribuer l’usage exclusif de la dénomination indivise « Gipsy Kings », ils vont toutefois constater que les membres du Groupe « Gipsy Kings & Chico » n’assurent pas la continuité du projet artistique du groupe historique depuis sa séparation et ont donc perdu le droit d’user de la dénomination « Gipsy Kings ». Le fait de l’avoir utilisée avec persistance constitue ainsi des actes de concurrence déloyale.

Cette décision rappelle l’importance pour les membres d’un groupe de rédiger des accords entre coindivisaires sur l’utilisation du nom dudit Groupe et, si ce dernier est déposé à titre de marque, de conclure un accord de copropriété afin de gérer les éventuels conflits !

Affaire à suivre…

Par Julie Gautier, avocate.

[1] Cass, 1ère Civ 25 janvier 2000 n° 95-16.267

[2] CA Paris, 19 janvier 2021 n°18/07991

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Julie Gautier

Avocate collaboratrice

Inscrite au barreau de Marseille depuis 2021, Julie possède un Master 1 en droit des affaires, un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle ainsi qu’un DJCE. Ses expériences au sein de Cabinets d’avocats et d’entreprises comme le Groupe M6 lui permettent de saisir les enjeux complexes de la propriété intellectuelle et d’accompagner les créateurs et entrepreneurs dans leurs besoins en la matière.

Egalement médiatrice, cette compétence enrichit sa pratique du droit pour faciliter le dialogue en cas de conflit et favoriser des solutions amiables et créatives.

Passionnée par la transmission, Julie intervient en tant que chargée d’enseignement au sein du Groupe Mediaschool où elle enseigne le droit du numérique. Elle accompagne aussi régulièrement les étudiants dans leur orientation professionnelle via la plateforme Myjobglasses pour partager son expérience.

En parallèle de son activité, Julie a été membre élue de la Commission du Jeune Barreau de Marseille de 2021 à 2024 et est membre de plusieurs associations, dont :

Julie adore l’artisanat et la culture provençale, et aime participer à la protection de ces domaines. Elle pratique également le yoga et la randonnée, des activités qui renforcent la concentration et la persévérance, des qualités essentielles pour exercer la profession d’avocat.

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